"L’humour, c’est un wagon: il permet de dire l’inatteignable sans choquer": Caroline Vigneaux transforme ses blessures en rires dans In Vigneaux Veritas

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"L’humour, c’est un wagon: il permet de dire l’inatteignable sans choquer": Caroline Vigneaux transforme ses blessures en rires dans In Vigneaux Veritas

"L’humour, c’est un wagon: il permet de dire l’inatteignable sans choquer": Caroline Vigneaux transforme ses blessures en rires dans In Vigneaux Veritas

La scène est son prétoire, le rire sa meilleure arme. In Vigneaux Veritas n’est pas un simple one-woman-show: c’est une séance de vérité collective, où l’on rit autant qu’on se reconnaît, à voir au théâtre Galli, à Sanary-sur-Mer, ce mardi 13 mai, et à Anthéa, à Antibes, jeudi 15 et vendredi 16 mai. Entre deux éclats de rire, elle balance des vérités comme on lance des pavés dans une mare. Après avoir dynamité la dernière cérémonie des Molières avec son humour décapant, celle qui a osé tutoyer Rachida Dati en pleine cérémonie n’a qu’un seul objectif: faire rire malgré tout. L’occasion de découvrir comment cette funambule de l’humour transforme les traumatismes en catharsis collective.

Dans In Vigneaux Veritas, vous abordez des thèmes intimes et personnels. Pourquoi avoir choisi de les partager maintenant?

Je suis au sommet de la montagne. Avant, en montée, on n’ose pas tout dire par peur du jugement. Après, en descente… on ne s’en souvient plus! Là, j’ai accès aux deux générations, donc c’est le moment de créer du lien en disant la vérité. Certaines légères, comme les cornflakes inventés par un médecin comme un médicament pour lutter contre la masturbation, et d’autres plus lourdes, comme la mort de mon père et le viol et les deux agressions sexuelles que j’ai vécus. J’en ai parlé à ma mère et à mes fils avant la première, pour qu’ils ne l’apprennent pas sur scène. Mais je veux que ça fasse rire, parce que rire de ça, c'est reprendre le pouvoir.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre sujets légers et graves?

C’est un travail d’écriture qui m’a pris deux ans. Pour parler d’un viol sans tomber dans le pathos et perdre la salle, il faut des respirations, des sujets légers. L’éjaculation féminine, par exemple, j’en parle comme d’un tabou absurde. Un jour, ma mère était dans le public et elle a ri. Jamais je n’aurais abordé ce sujet à table un dimanche midi. L’humour, c’est un wagon: il permet de dire l’inatteignable sans choquer.

Pour la deuxième fois, vous étiez maîtresse de la cérémonie des Molières cette année. À quel point l’exercice est-il différent d’un spectacle?

Normalement, je suis sur scène pour faire rire mon public. Là, je suis sur scène pour remettre des prix, féliciter ceux qui l’ont, essayer de consoler grâce à l’humour ceux qui ne l’ont pas, et ils sont très nombreux. Il ne faut pas oublier que la salle, au fur et à mesure de la cérémonie, se remplit de perdants et de gens qui font la gueule. Le challenge, c'est de les faire rire malgré tout. La culture a besoin de subventions, mais elle a surtout besoin de spectateurs qui lèvent leurs fesses des canapés pour aller voir du spectacle vivant. Les Molières, c’est une vitrine qui doit donner envie d’aller au théâtre.

Vous avez souvent abordé la cause des femmes. Comment voyez-vous l’évolution du féminisme aujourd’hui?

Jusque très récemment, j’étais une féministe très optimiste. Mais en ce moment, mon optimisme a du plomb dans l’aile. Parfois, je suis obligée de me couper un peu des informations et de la réalité du monde pour ne pas sombrer dans une énorme crise d’angoisse. On est un peu tous en apnée face à ce qu’il se passe, et je pense que l’humour fait du bien. On est tous dans une même salle, on ne se connaît pas, mais on rit ensemble et la sororité, c’est quelque chose d’indispensable pour moi.

Quels sont vos projets après cette tournée?

J’ai décidé de réécrire Le Cid, de Corneille, tout en alexandrin et dans le langage d’aujourd’hui, pour donner envie aux adolescents de découvrir le théâtre classique et que les parents qui les accompagnent ne s’ennuient pas. Le but, c'est de faire découvrir les magnifiques vers de Pierre Corneille, j’en ai laissé beaucoup et j’en ai aussi réécrit. C’est assez didactique, ça permet d’apprendre ce qu’est un alexandrin, une stance ou même de comprendre d’où vient la pièce, mais tout en s’amusant!

Savoir+

Mardi 13 mai au théâtre Galli, à Sanary-sur-Mer, et jeudi 15 et vendredi 16 mai à Anthéa, à Antibes. Tarifs: de 13 à 42 euros.

Nice Matin

Nice Matin

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